Oréotrague

Oreotragus oreotragus

L’oréotrague (Oreotragus oreotragus), aussi appelé sassa, est une petite espèce d’antilope, la seule du genre Oreotragus. On la trouve sur les kopjes de quelques savanes et forêts de plusieurs pays d’Afrique. Herbivore, il se nourrit d’herbe, de fruits et de fleurs.

Sommaire

Taxonomie de l'oréotrague

Classification

  • Règne : Animal
  • Embranchement/sous-embranchement : Chordé vertébré
  • Classe : Mammifère placentaire
  • Ordre : Cetartiodactyle ruminant
  • Famille : Bovidae
  • Sous-famille : Antilopinae
  • Genre : Oreotragus
  • Espèce : oreotragus
  • Nom scientifique : Oreotragus oreotragus

Sous-espèces / taxons

On distingue officiellement 5 sous-espèces d’oréotragues réparties un peu partout sur le continent :

  • Oreotragus oreotragus oreotragus
  • Oreotragus oreotragus aceratos
  • Oreotragus oreotragus saltatrixoides
  • Oreotragus oreotragus stevensoni
  • Oreotragus oreotragus tyleri

6 autres sous-espèces étaient autrefois considérées :

  • Oreotragus oreotragus aureus
  • Oreotragus oreotragus centralis
  • Oreotragus oreotragus porteousi
  • Oreotragus oreotragus schillingsi
  • Oreotragus oreotragus somalicus
  • Oreotragus oreotragus transvaalensis

Caractéristiques physiques de l'oréotrague

Taille

  • Longueur : 75 à 115 cm
  • Garrot : 43 à 60 cm
  • Cornes : 7,5 à 9 cm (max 15,9 cm)

Poids

8 à 18 kg environ (les femelles pesant en moyenne un peu plus lourd que les mâles)

Morphologie et apparence

L’oréotrague est une petite antilope trapue qui possède un corps et un cou court, contrairement à de longues et assez fines pattes arrières. Celles-ci lui permettent d’effectuer des grands bonds, notamment sur des surfaces rocheuses et abruptes grâce à leurs sabots gris très pointus. La forme de ces derniers est unique, lui permettant de se tenir sur le bout des sabots, séparés en deux. Ils possèdent d’assez grands yeux ronds et noirs, à côté desquels des glandes préorbitales (petites fentes) de même couleur sécrétant des phéromones. Son petit museau arrondi est gris foncé, sa tête légèrement arrondie et son front plutôt proéminent. Ses assez grandes oreilles sont en amande et sa queue assez courte similaire à celle des cerfs.

Les cornes sont droites et pointues, présentes uniquement chez le mâle ou chez le mâle et la femelle selon la région (et la sous-espèce). Le pelage de l’oréotrague est assez épais, les poils creux et lissés à plat. Le début des poils est assez clair et s’assombrit sur la longueur, allant du brun gris voir rougeâtre par endroit au jaune doré brillant avec quelques variations selon la région. La partie inférieure du corps (dessous de la queue, ventre) est plus claire, quasi crème. Les oreilles sont munies de poils noirs assez courts à l’extérieur, plus longs et quasi blancs à l’intérieur.

Performances physiques de l'oréotrague

Résistance aux chutes

Possédant un pelage très épais et amortissant les chocs, l’oréotrague peut se laisser tomber de 25 m de hauteur sans se blesser.

Écologie et répartition de l'oréotrague

Aire de répartition

On trouve l’oréotrague en Afrique, dans la plupart des pays littoraux à l’est ainsi que dans quelques pays du sud-ouest.

Existant (résident)

Afrique du Sud ; Angola ; Botswana ; Congo ; République centrafricaine ; République démocratique du Congo ; Djibouti ; Érythrée ; Eswatini ; Éthiopie ; Kenya ; Malawi ; Mozambique ; Namibie ; Nigéria ; Ouganda ; Rwanda ; Somalie ; Soudan du Sud ; Tanzanie ; Zambie ; Zimbabwe.

Possiblement éteint

Burundi

Présence incertaine

Lesotho

Habitat

On trouve l’oréotrague dans diverses zones rocheuses, souvent sur les kopjes (collines constituées de gros rochers) dans les savanes tropicales et certaines zones forestières clairsemées.

Régime alimentaire de l'oréotrague

Type de régime

Végétarien, à la fois herbivore, folivore et frugivore

Nourriture et proies

L’oréotrague se nourrit principalement de diverses plantes succulentes, de fruits et de fleurs, qui satisfont la quasi totalité de ses besoins en eau. Ses plantes préférées sont faux-chandelier des roches, le grand aigrefin, la baie de koudou, le buisson de kuni et la corne de bruyère. Il broute assez peu d’herbe et de graminées, ne se tournant généralement vers ceux-ci qu’en hiver lorsque les autres végétaux sont peu abondants.

Mode de vie de l'oréotrague

Vie sociale

Moins grégaires que la plupart des antilopes, les oréotragues établissent toutefois des liens sociaux forts au cours de leur vie. En effet, ils sont monogames et vivent en couple, qui restent en général ensemble toute leur vie. Les couples sont très proches, et restent physiquement peu éloignés (généralement 5 m au maximum) l’un de l’autre tout au long de la journée/nuit (alternant alimentation et surveillance). On distingue également des petits groupes familiaux (jusqu’à 8 individus) composés d’un couple et de leurs petits, et des individus solitaires. Animaux territoriaux, les oréotragues d’une même famille reste dans un territoire délimité par le mâle. Celui-ci est marqué aux extrémités par des grands tas d’excréments mesurant jusqu’à 1 m de diamètre ainsi que par une substance noire le plus souvent déposée sur les plantes. Si un étrangers s’aventure sur son territoire, le mâle chasse l’intrus à travers des comportements de dominance et de défense, de combat en dernier recours. Ceux-ci sont alors composés de chocs corne contre corne et de morsure entre deux mâles, de morsures déchirantes entre deux femelles.

Comportement

L’oréotrague est un animal principalement nocturne crépusculaire, qui se repose à l’ombre au milieu de la journée et de la nuit (Il peut toutefois être actif lors des journées fraîches). Le matin, il profite du soleil encore léger pour se réchauffer. Très agile et rapide, cette antilope passe le plus clair de son temps sur des parois rocheuses. Elle grimpe aisément sur des zones parfois très escarpées grâce à ses sabots très pointus. On l’observe parfois debout sur ses pattes arrières pour atteindre les hautes branches des arbres dont elle mange les feuilles.

Territoire

Le territoire d’un oréotrague mesure en moyenne 7,5 à 49 hectares, la taille dépendant de l’importance des pluies.

Communication et cri

La communication entre les oréotragues a essentiellement lieu entre les deux membres d’un couple ou entre le couple et leurs petits. Ils renforcent leur lien à travers des marquages du territoire et des cris d’alarme en duo. Ces premiers sont olfactifs (tas d’excréments, substance noire odorante), tandis que les cris ressemblent à des sifflements stridents mais assez courts. La communication physique joue également un rôle. Les individus d’un groupe se saluent en se frottant les joues, tandis que des postures de dominance sont prises en cas d’affrontement.

Prédateurs

Vivant dans des zones assez ouvertes, les oréotragues sont la proie de divers prédateurs africains. Ses deux principaux prédateurs sont le léopard et le caracal, tandis que le chacal à chabraque, la hyène tachetée, le loup d’Ethiopie, le chat sauvage, le babouin hamadryas ainsi que différentes espèces d’aigles (aigle de Verreaux, aigle martial, aigle fauve).

Face à la menace, l’oréotrague se fige en un premier temps. Si l’assaillant s’approche, il lance son signal d’alarme, audible jusqu’à 0,7 km et grimpe vers une zone plus élevée pour avoir une meilleure vision. Le mâle ferme la marche. Même une fois à distance, ils continuent à pousser son cri de détresse.

Longévité

L’espérance de vie de l’oréotrague est d’environ 15-17 ans en captivité, surement un peu moins à l’état sauvage.

Reproduction de l'oréotrague

Type de reproduction

Vivipare

Habitudes reproductives

Monogame, les couples étant souvent liés à vie

Maturité sexuelle

L’oréotrague est sexuellement mature à environ 1 an (parfois un peu plus chez les mâles).

Comportement reproductif et accouplement

Les comportements reproductifs de l’oréotrague sont peu connus. Le mâle a cependant été observé levant une patte avant, poussant de sourds bourdonnements et arquant le cou. Le grignotage mutuel des glandes a aussi été aperçu.

Période de reproduction

La saison des amours de l’oréotrague a généralement lieu en août et en septembre, mais peut partiellement varier selon la région.

Gestation

Environ 6 mois.

Lieu de mise bas

Les petits oréotragues naissent généralement dans la haute végétation, pour éviter tout danger.

Nombre de petits par portée

La femelle donne naissance à un seul petit, en moyenne tous les 16 mois et qui pèse environ 1 kg.

Sevrage

Les jeunes oréotragues sont très précoces et indépendants dès la naissance. En effet, leur mère les laisse cachés dans les hautes herbes pendant ses 3 premiers mois, et vient l’allaiter de plus en plus régulièrement. La femelle s’occupe quasi seul du petit, bien que le mâle participe indirectement à leur protection en éloignant les intrus.

Pendant 3 à 4 mois, il s’allaite sur les mamelles de sa mère et est sevré vers 4 ou 5 mois. La dispersion du groupe a lieu à 6 mois chez les mâles, majoritairement vers 10 ou 11 mois chez les femelles.

Menaces et conservation de l'oréotrague

Danger d'extinction (Statut UICN)

L’oréotrague est une préoccupation mineure (LC) selon l’UICN.

Population

Les dernières études de l’UICN recensaient environ 42 000 individus en 1999 (aucune étude n’a été réalisée plus récemment). Leur population mondiale est actuellement stable.

Menaces

Peu de menaces pèsent sur l’oréotrague, son habitat étant difficile d’accès et intéressant peu l’Homme. Les deux seules principales menaces sont donc locales :

  • Chasse et braconnage dans les zones fermées et où la chasse est peu réglementée
  • Concurrence avec le bétail (les chèvres) dans de rares zones assez petites

L’espèce n’étant pas en danger en elle-même, peu de menaces de conservation ont été développées spécifiquement pour l’espèce. Elle bénéficie cependant :

  • de la protection de son habitat naturel sur l’entièreté de son aire de répartition
  • de la protection contre la chasse dans les réserves naturelles

Crédits photo

Blake Matheson (1 et 5), Frank Vassen (4), Bernard DUPONT (0, 2 et 3)

Références